Sans doute la sculpture de
Sainte Madeleine habillée (très peu !) de ses cheveux la plus
célèbre ! Et celle qui m'a été le plus envoyée, dans tous les
formats, jusqu'à une taille XL dont j'ai découpé les contours mais
dont j'ai du replier la silhouette ensuite pour la faire entrer dans
un classeur. C'est en 1981 que j'ai emmené ma fille Domitille au
Louvre pour aller voir la statue et lui faire acheter la carte en
double exemplaires, un pour elle, vraisemblablement perdu par suite
de déménagements... et un pour moi, gardé bien précieusement dans
le premier des classeurs de reproductions de ma sainte patronne. On
peut dire que, presqu'entièrement nue, Marie Madeleine, même si
elle n'est plus la jeune femme richement parée, aux parfums subtils,
reste d'une grande beauté, elle offre son corps au regard des
hommes, ce corps que des anges (disparus) portent jusqu'au ciel. Le
sculpteur, grâce à un modelé raffiné, à un traitement somptueux
de la chevelure, à un doux visage d'une grande finesse a donné vie
à la femme jusqu'à l'animer d'un ligne ondoyante. en y
réfléchissant, elle a des airs de la Vénus de Sandro Boticelli
peinte 30 ans auparavant.
.
.
MADELEINE PÉNITENTE. 1454. DONATELLO. (1387-1466) MUSÉE DU DÔME. FLORENCE PEUPLIER POLYCHROME. HAUTEUR : 1m 88. |
J'avais tellement été
impressionnée par le texte de Jacques Henric qui m'avait accompagné
une dizaine d'années, que lors de ma visite au musée du Dôme, j'ai
trouvé la sculpture presque petite ! et je ne résiste pas à
mentionner le souvenir du texte ! "C'est ça qui est singulier
dans cette sculpture : pour une fois ce n'est pas nous qui regardons,
c'est nous qui sommes regardés.... La Madeleine, elle, toute seule
dans sa petite salle du musée du Dôme, elle paraît avoir déjà
traversé tout ça : l'enfer, le bien, le mal, l'amour, la haine,
tranquille elle se retire au désert, livrant son corps aux
macérations. Elle est là, debout, long corps ligneux, comme une
racine surgit du fond d'un océan, superbe, rongée du dehors et du
dedans par les eaux les laves et les pestes, elle avance, reposée,
réduite à l'essentiel, os et nerfs, longs bras et longues jambes,
mains jointes, le visage dévasté, incendié, ravagé par quel-que
puissant acide, peau cloquée, arrachée, viande à vif et pourrie,
punissant son corps des soins damnables qu'autrefois elle lui
prodiguait, elle passe la Madeleine de Donatello, en proie à une
ter-rible joie et une étrange paix, et avec ça, oui, oui, observez
la bien sous ses longues tresses de cheveux, scandaleusement,
fabuleusement érotique."